Augustin et Geneviève
Mariage de raison disent certains. Il est certain qu'à vingt-sept ans, il était plus de temps pour Geneviève de se trouver un époux. Elle a bien été fiancée, il y a quelques années : le prince charmant, avec la dot, s'est envolé. De son côté, Augustin ne cherchait pas de femme. Mais à force d'entendre sa mère lui répéter, il s'est dit que ça serait plus pratique pour tenir le foyer. Augustin est militaire et quand il rentre chez lui en France, il aime trouver des draps fraîchement repassés.
Geneviève, à force de jouer la femme, a fini par le devenir vraiment. Elle est belle Geneviève, depuis qu'elle attend un enfant. Augustin en Indochine, il y en a toujours qui sourient, et supputent l'existence d'un amant en l'absence du mari.
Et quand il n'est pas là, on la voit rarement. Les rumeurs vont bon train quand on la croise le dimanche matin sa présence à la messe semble toujours suspecte, et le bébé grandit et Augustin est envoyé en Algérie.
C'est certain elle a un coquin, avec son petit garçon qu'elle garde à la maison c'est vraiment honteux, répètent à voix basse les voisins. Elle définitivement éveillée à la beauté, d'un vieil oncle une supposée fortune héritée, tant de chance ne peut faire que jaser.
En l'absence d'Augustin, toujours derrière les volets Geneviève reste cloîtrée...
Et quand on l'imagine recevoir des jeunes gens, Geneviève pense juste à celui qu'elle a appris à aimer tendrement. Les violences, les morts, elle sait bien que dans la guerre il n'y a ni gentil ni méchant. Elle pense à ces femmes de l'Asie de l'Afrique qui comme elles passent leur vie à attendre leur mari. Sans savoir jamais s'il rentrera vivant.